dimanche 17 mars 2013

La pluie et le voyageur

Tiré du Voyage autour du Mont Blanc, de Rodolphe Töpffer (1842)

Voici devant nous le roc perché ; derrière, la tempête et la nuit, et sur nos têtes, le quatrième seau qui s'ouvre.
En pareil cas, on s'impermée si l'on peut, on s'arrête si l'on veut, ou encore, et c'est le meilleur parti à prendre, on renonce à toute espèce de lutte et l'on se laisse rincer. En deux minutes, tout, hors l'intérieur du havre-sac, est criblé, percé, jusqu'à votre mouchoir de poche, jusqu'au passe-port et aux billets de banque, si vous n'avez pris soin de les imperméer avec soin dans les profondeurs d'un portefeuille de confiance. Mais aussi, une fois dans cet état, l'agrément, c'est que, n'ayant plus rien à perdre, vous défiez les cataractes du ciel, vous bravez les fouettées de la pluie, et, semblable à ces rocs qui, solidement établis dans le lit d'un torrent, laissent l'onde mugir et les bouillons faire leur vacarme, vous marchez libre et insoucieux au milieu des folles criailleries de la tempête et de l'assaut impuissant des éléments conjurés. Bien plus, n'ayant ni à regarder, ni à vous arrêter, le moment est bon pour songer, pour récapituler, pour projeter, et vous en profitez. Et que deviendrait-on après tout dans la vie, s'il ne s'y rencontrait de ces moments où, n'ayant rien de mieux à faire, l'on arrange son avenir et l'on met à jour son arriéré ?

Vécu cet après-midi sur le circuit de Pichelèbe... C'est valable aussi pour le cycliste.

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