L'étape s'annonce longue, mais facile. Grande forme. La route est droite, ensoleillée malgré les prévisions pessimistes du garçon de l'hôtel. Dans la campagne, les gens sont souriants et me saluent. Certains insistent pour me parler en serbe, je leur montre mon panneau "France" et ils ont plein de choses agréables à me dire que je ne comprends pas. Qu'importe, c'est le contact qui compte.
A un carrefour, un homme vend des fruits de son jardin posés sur le capot de sa voiture. Je vendrais mon âme pour des fruits, que je mange peu à cause du poids et de leur fragilité. Je montre une grappe de raisin noir, il veut que je prenne aussi tout son raisin blanc. Je demande à goûter ses pêches de vigne (délicieuses) et il n'arrête pas d'en rajouter dans le sac après l'avoir pesé. Quand j'ai terminé mes emplettes, il me donne encore 2 pommes pour faire bonne mesure. Je repars chargée comme un mulet et le coeur content.
Bon, avec tout ça, il commence à faire faim. Il est temps de chercher un joli coin tranquille pour faire une pause. Mais les détritus succèdent aux décharges sauvages, il n'y a pas de chemin creux accueillant. Je me décide à entrer dans un chemin en me disant qu'en allant au bout, ce sera mieux. Or, qui vois-je sortir de sous un canapé défoncé ? Deux chiots frétillants tout heureux de rencontrer enfin une amie. Ils m'accompagnent au bout du chemin qui n'est qu'une interminable décharge. Toujours pas trace de leur mère. Ils ont l'air abandonnés. Je me décide à quitter ces lieux malodorants en me demandant comment faire pour qu'ils ne me suivent pas sur la route. Une seule solution : pédaler le plus vite possible. Dans mon rétroviseur, je les vois abandonner la partie très vite, ils sont trop petits pour courir. C'est poignant. Le cadavre de leur mère est un peu plus loin. Je pense à eux toute la journée.
S'il y a un souci lancinant pour une voyageuse, c'est bien de trouver un coin pour soulager ses besoins naturels. D'habitude, je guette les champs de maïs, qui sont une cachette incomparable. Damned ! C'est la période de la récolte ! Qu'est-ce que je vais devenir en Roumanie, quand il n'y aura plus de stations-service au bord des routes ? Faudra-t-il arrêter de boire ? J'attends vos suggestions.
Depuis que je ne mets plus de casquette, mais un casque, j'ai besoin d'une paire de lunettes de soleil (j'ai donné les miennes à Dirk). J'avise une sorte de bazar tenu par un jeune couple chinois. Bien joué, ils ont tout dans leur boutique. Ils ont des lunettes polarisantes qui permettent de voir des détails qu'on ne voit pas à l'oeil nu. J'adore l'idée d'être devenue une femme bionique, et si c'est une arnaque, elle est très poétique et elle me plaît. Ils ont aussi des socquettes qui vont remplacer avantageusement les miennes en bout de course. Tout ce qui n'est pas en rayon est dans l'arrière-boutique. La jeune femme se dépense sans compter pour me trouver la taille et la couleur non salissante dont j'ai besoin. L'avenir est aux Chinois.
L'arrivée à Belgrade se gagne par une vingtaine de kms de route à grande circulation. Tout à coup, l'Eurovélo bifurque vers des quartiers silencieux et tranquilles qui descendent en douceur vers les quartiers historiques et le Danube. Pffffff.... C'est l'heure de la bière.
Me voilà dubitative sur la question de satisfaire les besoins naturels en plein air : à part la couche-culotte qui pourrait faire double effet en amollissant un peu la selle de vélo...
RépondreSupprimerAh ! si seulement l'humour pouvait vraiment vous sauver de tout !
Il ne reste qu'à pédaler ! pédaler ! pédaler encore pour transpirer le plus possible et manger salé pour retenir l'eau...
Cultivez bien votre moral (et vos mollets) d'acier pour passer les portes de fer qui s'annoncent (tout en évitant les chiens errants !)
La suite donc au prochain épisode
Cultivez votre moral d'acier pour affronter les portes de fer
Hi hi, en fait de pédaler, je suis arrêtée par la crevaison de la roue de la remorque dans le village le plus laid et triste qu'on puisse imaginer. Après ça, il va falloir en mettre un coup (de pédale) pour aller jusqu'au prochain hôtel. Le garagiste est adorable, ça compense...
RépondreSupprimercouche -culotte ! quelle superbe idée te voila soulagée d'un gros souci ,mine de rien !! tout cela avec ta nouvelle selle, mais quel 'luxe' ton postérieur doit apprécier,
RépondreSupprimerquant au soleil il semble ne pas te quitter, profites en bien, car ici il a pris ses quartiers d'hiver et nous a quittés.J'espère que ce charmant garagiste a bien soigné yin et que vous voila à nouveau chantant sur ce long parcours qui ne semble pas être le plus 'cool' mimis
En fait de couches-culottes, j'ai déjà donné au début de mon parcours, lorsque j'ai été rincée par un orage le matin sans avoir le temps d'enfiler mes vêtements de pluie. J'ai pédalé toute la journée avec le fond de culotte trempé et j'en ai gardé des boutons pendant 2 semaines !
SupprimerOn dirait qu'un pneumatique n'a pas apprécié les escapades en chemins creux...
RépondreSupprimerà moins que les hôteliers du coin fassent des lâchés de clous pour retenir le touriste "à l'ilokoise" !
J'espère juste qu'après cette "petite" mésaventure, c'est un charmant pied à terre qui s'est profilé à horizon pas trop lointain: le garagiste a peut-être eu une idée là-dessus
On attend (im)patiemment la suite..
Pour le pneu, tout s'est bien terminé sous une pluie battante d'orage...
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