Vacances nautiques à Belgrade

En suivant la théorie du lit vert, on suit le Danube. Pas moyen de se tromper. Sauf que des chambres pour la nuit, il y en a partout, allez savoir la couleur des lits...
Bref, une chambre dans le bateau du Yacht club m'a paru opportune. On me fait traverser tout le bateau et on m'emmène dans une chambre coquette sur pilotis amarrée au bateau. Et j'assiste toute la soirée à l'arrivée des palaces flottants qui ramènent des centaines de touristes de leur virée à Belgrade. Ils chantent un répertoire de chansons folkloriques façon choeurs de l'armée rouge. C'est joyeux. Les chiens et les oies du jardin criaillent jour et nuit. C'est pittoresque.
Le lendemain, c'est jour de congé et visite de Belgrade. Il me faut du courage pour affronter la grande ville. Voir Belgrade après Budapest, c'est, comment dire, manger la soupe après le dessert. Autant Budapest est gracieuse et pleine de couleurs, autant Belgrade est empesée et en noir et blanc. Il y a beaucoup de mendiants, adultes et enfants. Je vérifie sur les cartes postales que je ne loupe rien - non, rien ne m'attire, beaucoup de cartes et de portraits de Tito, qui  semble être révéré ici, il faudra que j'étudie ça à mon retour - et je finis ma visite par la citadelle en retrouvant rapidement les bords du Danube. Le pédalage me manque déjà, je pourrais être si loin ! C'est incroyable comme je suis devenue accro !
Pour ma deuxième nuit à Belgrade, je demande si je peux avoir une cabine DANS le bateau pour sentir le clapotis des vagues et la vie du bateau. Ils se regardent d'un air perplexe. Je dois être la premiêre personne à faire cette demande, le cas n'est pas prévu. Mais oui, c'est possible, on va me préparer une cabine pour ce soir. Toute la journée, j'ai rêvé de cette cabine en acajou avec hublot en laiton astiqué et lit-cocon. La réalité est tout autre : la chambre sent le fauve, la fenêtre est normale et la vue condamnée car elle donne sur une coursive, le mobilier est en formica imitation bois et les lits sont normaux, avec des lampes de chevet sans ampoules. Quant aux sanitaires (communs), ils sont d'une vétusté qui défie la description : pomme de douche fixée avec du scotch, eau qui se déverse à l'extérieur, cuvette des toilettes à moitié fixée au sol... Oui, c'est ainsi que vivent les employés du Yacht Club de Belgrade !
Le véritable lit vert se trouvait à une centaine de mètres de là, une petite maison de bois sur pilotis faisant auberge de jeunesse. Là-bas, on m'a dit qu'un groupe de cyclistes s'est formé pour la Roumanie la semaine dernière, mais que rien ne se prépare pour l'instant. Il y a bien un marcheur à pied allemand... C'est donc mon destin d'affronter seule ce dernier défi.