mercredi 18 septembre 2013

Skorenovac (Serbie)

Je m'étais préparé un moral en béton pour m'enfuir de Belgrade en traversant toute la ville. Mais je n'avais pas prévu cette nouvelle épreuve : les escaliers. Je fais donc un détour par le sud en guettant une rue sans escalier  sur ma gauche. J'en vois enfin une et je m'y engage, toute contente. Ca montait dru. Au bout de la rue, un type me fait de grands signes pour m'arrêter. Je demande si on ne peut pas rejoindre Pancevo par là, comme me l'indiquait le soleil. Non, non, c'est par là ! Une dame s'enquiert du problème et ils commencent à rire aux éclats de ma bévue. J'allais dans une entrée d'immeuble. Je sème le bonheur partout sur mon chemin...
Il y a toujours un moment dans un voyage où on sent qu'on passe de l'autre côté du miroir, où les valeurs, leur échelle changent. La vie prend un nouveau sens.
C'est dans un restaurant, après 20 km de gaz carbonique sur la route de Pancevo, que ça m'est arrivé. J'entre pour me récompenser d'une bière. L'ambiance est tranquille, la radio diffuse un programme genre Nostalgie. Je me sens tellement bien, je me demande pourquoi, et soudain je réalise que je viens d'entendre plusieurs tubes américains de mon adolescence, dont "Walking back to happiness, oh yeah hé hé hé". Tout à coup, j'ai à la fois 15 ans, quand j'avais la tête pleine de rêves et d'envies d'ailleurs, et 65 ans, réalisant ces rêves. La boucle est bouclée. J'embrasserais bien le serveur pour avoir choisi ce programme qui nous rapproche par-delà les pays et les générations.
Mais je ne suis pas encore arrivée au lit vert du jour. Les villages laids et tristes se succèdent, j'ai l'impression que la remorque pèse une tonne, je suis à la treizième station de mon chemin de croix. Je vérifie que rien ne bloque l'attelage. Yin a (est) crevé(e) !
J'avais bien appris ma leçon pour le vélo, mais sortir la roue de la remorque me pose une colle. Et je n'ai pas de chambre à air non plus pour elle... Dans mon malheur, j'ai de la chance : je suis dans un village avec un garage à 1 km. Le garagiste veut bien me tirer d'affaire, mais il lui faut la roue. Me voilà donc partie avec son assistant sur le lieu du crime. L'assistant ne s'exprime que par onomatopées, comme les Shadocks : On ! Mmm? Aah ! Il n'a jamais vu une machine aussi sophistiquée et nous essayons toutes les combines pour sortir la roue qui finalement nous dévoile son cliquet magique. L'assistant refait un aller-retour dans un temps record. Tout est arrangé et il repart avec les deux vélos du garage en ayant empoché... 3 euros ! Il n'a même pas voulu une bière.
Il était temps. L'orage se déchaîne pendant 1h, rendant caduc mon beau projet de lit vert. Quand il pleut, on s'arrête n'importe où.

4 commentaires:

  1. Tout d'un coup l'hiver à la place du " lit vert " ce n'est pas un cadeau...! Attendons plutôt le beau temps après la pluie en espérant que la température ne baisse pas trop avec l'automne qui s'annonce et sans doute quelques splendides décors "cartes postales" en perspective...

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  2. 2ème ? crevaison, ça n'est pas possible !
    yin ne commencerait-elle pas à saturer ??
    des escaliers? le pauvre TRIO à vraiment dû être déconcerté, on nous annonçait une route toute droite , que de surprises !! la pluie semble être une fidèle compagne pour toi !mimis à la prochaine ....

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  3. Ces tubes américains que Thierry apprenait en phonétique ?
    C'est bien que tu aies des épiphanies aux moments les plus inattendus (ie. pourris) !
    Quant à moi, je pense toujours aux deux petits chiots sans leur mère...

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  4. Je crois que tu confonds avec "O Saint-Hubert, patron des grandes chasses, Toi qu'exaltait la fanfare au galop" qu'il chantait en play back dans les concerts de sa chorale, non ? Seule la rédaction à 4 mains de nos souvenirs pourra éclaircir cet épineux problème.
    Moi aussi, les chiots n'arrêtent pas de me suivre sans comprendre. Je me suis dit que même si j'arrêtais le voyage pour les mettre dans la remorque (vidée dans la décharge), je serais bloquée aux frontières...

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