lundi 30 septembre 2013

Tulcea

Le voyage ne pouvait pas se terminer sans voir le delta. Les premiers rayons de soleil me mettent la joie au coeur. Vite, demander à la réceptioniste comment faire pour aller à Tulcea. Elle doit avoir l'habitude, avec tous les routards qui passent par Constanta.
Résumé de notre conversation :
Moi : Savez-vous où je dois m'adresser pour aller à Tulcea ?
Elle : Il faut aller à la gare routière.
Moi : Mais pourriez-vous téléphoner avant pour savoir s'ils fonctionnent le dimanche ? (Regard de poisson mort) Vous avez le nom de la compagnie ?
Elle : Non mais je sais qu'ils sont à côté de Lidl.
Voilà qui m'aide énormément. Rassurez-moi : un réceptioniste d'hôtel est bien là pour servir le client ?
Moi : Vous avez leur n° de téléphone ?
Elle : Non, je ne suis jamais allée à Tulcea.
Je crois rêver.
Moi : Vous avez un annuaire ?
Elle farfouille dans ses tiroirs et me tend un plan de la ville.
Je me sens des aigreurs d'estomac. Dans un blog, je finis par trouver les renseignements dont j'ai besoin sans qu'elle ait fait mine d'être concernée.
Je lui demande un taxi. Ca, elle sait faire. Ouf, vite fuyons !
A Tulcea, ce ne sont pas les bateaux qui manquent. Mais hors saison, la plupart transportent des marchandises ou vont trop loin pour ma pauvre après-midi de liberté. En regardant une carte, je m'aperçois que je ne suis qu'à 50 km d'Odessa et je rêve de commencer un nouveau voyage vers l'Est. Depuis Constanta, les minarets commencent à côtoyer les églises.
Allons, reprends-toi, tu n'es qu'une touriste qui veut faire un tour sur le delta !
Je finis par dénicher le seul petit bateau à moteur disponible (tous les autres touristes sont des groupes et sont déjà partis).
Le pilote a d'insondables et inquiétants yeux verts pailletés d'orange. Il parle 3 mots d'anglais. Je ne comprendrai que le mot "cormoran" parce que c'est le même mot en roumain. Tout le reste, il l'appelle "poultry", c'est-à-dire "volaille". Moi qui cherchais à combler mon ignorance en matière d'oiseaux du delta...
Tout à coup, je me dis qu'avec tous ces bras morts déserts, il pourrait se débarrasser de moi ni vu ni connu pour récupérer mes affaires. Il est tellement fruste. Il conduit comme sur un circuit de course malgré mes signes désespérés pour le faire ralentir. Avec la houle et le sillage des autres bateaux, c'est comme rouler avec des roues carrées. Il faut croiser les bras très serrés sous les seins pour ralentir leur chute inexorable.
Pendant un des rares moments où il coupe le moteur, je réussis à filmer de près l'envol majestueux d'un couple de poultry de grande envergure.
La virée se termine sur une manoeuvre hasardeuse qui m'asperge le côté gauche, dans l'indifférence absolue de ce sauvage. La vie de touriste est pleine de piquant.

Le port de Tulcea

2 commentaires:

  1. Ballotée, cahotée, achevée : voilà comment je vous imagine dans "ce carrosse" qui vous ramène à l'Ouest avec votre précieuse machine à fabriquer des aventures... Mais peut-être en avez-vous vécues d'autres depuis dans le huit-clos du "loft-bus": tout aussi cocasses et que nous pourrions suivre en ligne, car nous voilà un peu désemparés malgré la joie de vous retrouver saine et sauve !
    Paradoxalement plus vous vous êtes éloignée en pédalant, plus je vous ai vue proche en suivant le feuilleton quotidien de vos aventures "exotiques" qui vont certainement vous manquer au premier chef (tout comme les endorphines) alors, dès l'arrivée, pensez au bon vin de Bordeaux pour vous remettre en joie !

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  2. Je tempère mes propos sur Atlassib : ils ont de très bons chauffeurs. C'est la qualité du service qui est désolante pour le voyageur occidental. En particulier pour ma machine à aventures. Au début, il était bien calé par les autres colis, et puis il s'est retrouvé ballotté au gré des humeurs du chauffeur. Il gardera des cicatrices.
    A Bordeaux, j'ai retrouvé mon amie Paulette, qui gardait sous le coude une bouteille de champagne pour l'occasion. Les retrouvailles ont été très pétillantes.

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